Des ponts, Abou Lagraa en construit à tout va. Entre les
danses, entre les continents, entre les oeuvres aussi. Après la création du
Ballet contemporain algérien, c’est avec le Ballet de l’Opéra de Tunis qu’il
partage la force de son écriture chorégraphique et de son univers poétique
nimbé de ses origines orientales. Séduit par la musique de Bizet tantôt
mélancolique, tantôt irrésistible d’entrain, il donne corps à sa propre Carmen.
Ou plutôt à toutes ses Carmen. Le chorégraphe, compagnon de longue date de Suresnes
Cités Danse, explore avec les treize danseuses et danseurs la force du groupe.
Les grands ensembles, visuellement éclatants, ménagent des échappées qui
donnent à voir la palette de ces interprètes aux parcours souvent loin de tout
académisme. Étourdissant.