Réalisées avec la chambre noire ces photos-griffures, sont une
expérimentation pour une nouvelle approche du paysage.
C’est une tentative pour replacer ma pratique
de la photographie dans la longue histoire de la fabrication des images ;
depuis la camera obscura originale de Della Porta conçue à la fin du XV ème
siècle en Italie et utilisée par les peintres de paysages, en passant par la
mise au point, en 1826 par Nicéphore Nièpce, de la photographie argentique
jusqu’au numérique aujourd’hui. Formidable rupture dans les arts graphiques que
cette perte de l’action de la main dans l’élaboration de l’œuvre. Cette
nouvelle façon de représenter le monde, précise, exacte, a malheureusement donné l’impression que la
subjectivité de l’auteur avait disparu du processus…
La camera obscura numérique que j’utilise est
un dispositif atypique de prises de vues. Derrière l’objectif qui peut être une
simple loupe, dans le noir complet de la chambre, il n’y a ni pellicule
argentique ni capteur numérique. Si, comme dans tous les appareils de ce genre,
l’image se forme bien dans le noir sur un écran dépoli, c’est un dépoli que je modifie avant
chaque nouvelle photographie. Un dépoli modifié à la main, sur place, un peu
à la manière des peintres qui réalisaient grâce à leur camera obscura leurs croquis
sur le motif. Olivier Pasquiers
