n.a.
Théâtre de la Concorde
Paris 08
Du 24 janvier au 01 février 2025
Tarif gratuit sous condition
Sur le plateau, bien sûr, c’est du théâtre… mais l’histoire est vraie : la reconstitution mentale, la convocation du souvenir, le partage de l’abomination, l’écrit de combat.
Tout part de la cellule, de cette écriture clandestine dans une cellule de la prison de Barberousse. La mise en scène cherche un axe de la parole qui produise une théâtralité forte, au plus près de la tension extrême dans laquelle le texte a été écrit, au plus près de ce qu’aurait pu être l’énoncé de l’auteur s’il avait pu lire La Question d’un seul tenant à voix haute dans sa cellule.
Dans un procès d’Assises, lorsqu’une victime raconte ce qu’elle a subi, ou répond à la question d’un magistrat, ou lorsque le président du tribunal énumère les éléments à charge, la narration des faits est souvent effroyablement précise et glaçante.
De la même façon, l’auteur (l’acteur) de La Question emmène le public au point culminant de l’inaudible, de l’insupportable, de l’inacceptable ; et il le fait au fil d’une narration clinique, concise, peu encline à céder au commentaire, qui refuse l’émotion, la complicité avec le public.
Ne pas déroger à cette « sécheresse de procès-verbal » et retrouver ce minimalisme dans la représentation sont des intentions prioritaires de la mise en scène.
Comment assume-t-on de dire l’insoutenable ? À qui le dit-on ? Et ou cela mène-t-il ? Qu’est-ce que cela crée chez la spectatrice ou le spectateur ? Est-ce que cela permet de regarder en face notre peur ?
« Je vous attends : je n’ai pas peur de vous » dit Henri Alleg à ses tortionnaires. Mais l’adresse ne s’arrête pas au camp d’en face (les parachutistes tortionnaires, la hiérarchie civile et militaire française). Henri Alleg adresse d’abord La Question à la justice française et au gouvernement français.
On peut aujourd’hui s’accorder ici la plus grande liberté. Faire, par exemple, l’hypothèse que le spectacle La Question s’adresse à Henri Alleg lui-même, en hommage à son courage et à sa modestie ; ou à son épouse Gilberte dont les interventions à Alger et Paris ont sauvé son mari ; ou à ses fils André et Jean Salem ; ou à l’épouse de Maurice Audin (dont le mari a été assassiné par ceux-là mêmes qui ont torturé Henri Alleg) ; ou à André Moine, dirigeant clandestin du Parti communiste algérien (dont le nom et la planque étaient la réponse à la question que les parachutistes posaient à Henri Alleg à chaque nouvelle séance de torture, réponse qu’ils n’ont pas pu obtenir de lui) ; ou à Massu qui n’a jamais mis les pieds dans la cellule où était détenu Henri Alleg (envoyant des subalternes faire le « sale boulot ») ; ou aux milliers d’Algériens et Algériennes torturé·es comme l’a été Henri Alleg, et pour beaucoup exécuté·es de manière « extra-judiciaires », c’est-à-dire assassiné·es comme l’a été Maurice Audin ; ou aux responsables politiques et militaires d’aujourd’hui (pour leur rappeler que la torture et les « exécutions extra-judiciaires » existent encore au XXIème siècle et que les principaux assassins demeurent toujours les États) ; ou au public dans la salle, c’est-à-dire à nous-mêmes, le peuple français : en Algérie, l’armée française a torturé en notre nom…
1 La torture au cœur de la République, par Jean-Pierre Rioux, Le Monde, 1998.
La cellule, le cauchemar, les ombres ont constitué des pistes pour la scénographie, pour l’ambiance sonore et visuelle. Dans le spectacle, rien de ce que décrit le texte n’est montré. La lumière et le son prennent en charge la temporalité du récit. Une scénographie épurée accompagne la matérialité des mots, suggère un espace autour de la cellule, un espace mental émaillé de rares contrepoints introspectifs : brèves nappes sonores, courts instants où la voix de l’acteur est soutenue par la sonorisation, court instant de chevauchement entre la voix de l’acteur et sa voix enregistrée, mouvements hypnotiques d’un rideau de fils en fond de scène…
Réservez dès maintenant vos billets en ligne pour La Question !
Tarifs / informations :ON PORTE AU THÉÂTRE UN TEXTE QUE L’AUTEUR N’A PAS EU LA POSSIBILITÉ DE RELIRE INTÉGRALEMENT NI D’ORALISER DANS SA CELLULE AU MOMENT DE L’ÉCRITURE, UN TEXTE SORTI ILLÉGALEMENT PAR SON AVOCAT. CE TEXTE EST ESSENTIEL À NOS MÉMOIRES, IL COMPTE DANS NOTRE HISTOIRE, ET D’UNE CERTAINE MANIÈRE NOUS MÈNE À LA RÉCONCILIATION AVEC LE PEUPLE ALGÉRIEN.
Billetterie
Adresse : 8 avenue Gabriel, 75008 Paris