Cette
expression de la langue populaire témoigne d'un autre temps de la rue, celui
où cette dernière offrait aux petits citadins un espace infini de jeu
perpétuellement à inventer avec quelques jouets et beaucoup d'imagination.
L'expression est née au début des années 1950, quand l'enfermement des
enfants des villes, commencé au XIXe siècle avec, d'une part, la création des
parcs et squares publics et, d'autre part, l'obligation scolaire et les
patronages, a atteint son terme dans des villes comme Paris désormais
conquises par l'automobile.
C'en fut alors fini des marelles, des jeux de billes, d'osselets et de
tape-mains sur un coin de trottoir, des courses-poursuites, un copain sur le
dos, des jeux avec les chiens du quartier, des sauts à la corde et des cerceaux
poussés avec un bâton au beau milieu de la rue…
Celle-ci était devenue un lieu de passage, et non plus de séjour, pour tous
ceux qui l'empruntent et surtout un lieu dangereux pour l'enfant, pris entre
les risques de la circulation et ceux d'une mauvaise rencontre, mais
finalement privé d'un espace d'apprentissage et de sociabilité avec ses pairs
et les adultes, espace dont on reconnaît aujourd'hui qu'il lui est essentiel
pour grandir.
Un exposition de la
bibliothèque de l'Hôtel de Ville (L'original du mois).
Adresse : 19 rue Tristan Tzara, 75018 Paris